Vers des villes connectées : les promesses de la smart city

Le monde de demain sera urbain. D’après les projections de l’ONU, 6,3 milliards de personnes vivront en ville en 2050, contre 3,6 milliards aujourd’hui. La proportion de citadins passera ainsi de 50 à 70 % de la population mondiale. Ce processus d’urbanisation est déjà largement entamé en Europe : ainsi, en France, 77,5 % des personnes vivent aujourd’hui en ville. D’après l’INSEE, la superficie de l’espace urbain sur le territoire national a crû de 19 % en seulement 10 ans.

Cette urbanisation massive s’accompagne de problématiques environnementales et sociales importantes. Dans ce contexte, il apparaît important d’imaginer de nouvelles manières de gérer la ville et ses services. Cet enjeu, couplé à la révolution numérique, a donné naissance au concept de smart city (ville intelligente). Faisons le point sur cette utopie réaliste, d’ores et déjà en plein essor sur de nombreux territoires.

Les technologies au service de la ville connectée

La ville intelligente a pour mots d’ordre l’interconnectivité, la durabilité et l’optimisation des services.

Pour atteindre ces objectifs, elle mobilise les nouvelles technologies afin de :

-        capter, stocker et analyser des données issues de l’espace urbain,

-        proposer des services aux usagers, aux agents ainsi qu’aux décideurs à partir de ces données, via des interfaces dédiées.

Les technologies employées sont de nature variée et interviennent à différents niveaux :

•       La ville appose sur ses équipements (mobilier urbain, véhicules…) des systèmes de capteurs, caméras, outils de pilotage à distance, etc.
•       Ces outils sont mis en réseau via les technologies internet (avec de nouvelles opportunités ouvertes par la 5G).
•       Les données recueillies sont stockées sur des serveurs locaux ou externalisés.
•       Des applications connectées ou modélisations 3D interactives constituent autant d’interfaces pour les différents utilisateurs amenés à exploiter les données recueillies et profiter des services liés.

Quels services la ville connectée peut-elle rendre ?

Les services rendus par ces technologies dans le cadre de l’espace urbain peuvent être divisées en six grandes catégories :

•       L’usage intelligent des ressources. Les collectivités optimisent la gestion de l’énergie et de l’eau grâce à une définition des besoins en temps réel et un fonctionnement modulable et autonome des équipements. Exemples : systèmes de lampadaires connectés s’adaptant à la luminosité et à la fréquentation à une heure donnée.
•       L’anticipation des besoins. Grâce à des réseaux de capteurs, les collectivités reçoivent en temps réel des informations sur les besoins d’intervention. Exemple : bacs de collecte de déchets connectés donnant l’alerte lorsqu’ils sont pleins.
•       La gestion du trafic et de la mobilité. Les possibilités de la ville connectée en matière de fluidification du trafic et d’optimisation de la mobilité sont immenses. Exemples : capteurs indiquant les places de stationnement disponibles, applications proposant des alternatives à la voiture aux conducteurs en cas d’embouteillage.
•       Le suivi de la pollution. Grâce à des capteurs et caméras, il est possible de mesurer de façon précise et constante les taux de pollution de différents secteurs. Exemple : mesure de l’impact de nouvelles actions comme la création d’un “poumon vert”.
•       La sécurité et la prévention. Les systèmes de surveillance de la ville connectée peuvent permettre une protection accrue des citoyens, aussi bien contre les risques du quotidien que contre les catastrophes naturelles. Exemples : systèmes d’alerte automatisée, géolocalisation des véhicules de secours.
•       La centralisation des informations et la gestion participative. La ville connectée donne la possibilité à chaque usager et agent du territoire de faire remonter des informations en temps réel. Exemple : à Paris, l’application Dansmarue permet aux riverains de signaler les problèmes près de chez eux.

Extrêmement variés, ces services smart peuvent se déployer à l’échelle d’une métropole, d’une ville ou d’un secteur précis (par exemple, un port, comme au Havre). Le concept de gestion et services connectés se développe d’ailleurs également au niveau privé sur nos territoires urbains, à travers l’essor des bâtiments et véhicules connectés.

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À quels objectifs la ville connectée répond-elle ?

À travers les services proposés, la ville connectée a vocation à répondre à de multiples objectifs, notamment :

•       le développement durable, les économies d’énergie et la lutte contre la pollution et les émissions,
•       la réduction des coûts et le gain en efficacité et productivité,
•       l’anticipation des problèmes et des risques,
•       le bien-être et la sécurité des citoyens,
•       l’attractivité et la compétitivité de la ville.

Quelles sont les villes les plus connectées en France et dans le monde ?

La ville connectée est en passe de conquérir le monde et s’est déjà largement implantée en Asie, en Europe et en Amérique du nord. A titre d’exemple, en 2020, on comptait 16,2 millions de lampadaires intelligents dans le monde dont 35 % en Europe, 24 % en Amérique du Nord et 20 % en Chine.

En France, la ville de Dijon a fait figure de précurseur avec son programme OnDijon, chiffré à 105 millions d’euros. Les villes de Paris, Toulouse, Angers, Chartres, Lyon, Nantes ou encore Montpellier développent aussi des projets connectés. Le port du Havre, quant à lui, est devenu l’un des principaux ports connectés d’Europe avec le programme Le Havre, ville portuaire intelligente !

À l’échelle européenne, Barcelone a mis en place des actions ambitieuses, impliquant avec succès les citoyens. Zurich, Hambourg, Berlin, Londres, Oslo ou Copenhague sont également souvent citées en exemple. En Asie, Hong-Kong, Tokyo ou Singapour sont à la pointe, bien que cette dernière soit parfois critiquée pour le déploiement excessif de technologies de surveillance.

Qui sont les acteurs de la ville connectée ?

Le déploiement de la ville connectée mobilise une grande variété d’acteurs :

•       pouvoirs publics,
•       grands groupes français ou internationaux à la pointe dans le domaine : Vinci, Orange, Cisco, IBM…,
•       startups innovantes développant les différentes solutions technologiques nécessaires à la mise en œuvre du projet,
•       agents territoriaux (impliqués dans la gestion, la logistique, mais aussi la communication et les relations aux usagers),
•       citoyens.

La ville connectée est intrinsèquement un projet collaboratif nécessitant l’action coordonnée d’une multitude d’acteurs.

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Quels sont les enjeux de la ville connectée responsable ?

À l’heure de l’essor de la smart city qui apparaît comme le modèle d’avenir de nos villes, plusieurs enjeux incontournables se dégagent :

•       L’implication concertée et simultanée du secteur public, du secteur privé et des citoyens est indispensable au développement à grande échelle de la smart city. Sans la vision et l’implication des pouvoirs publics, les initiatives et interfaces connectées demeurent éparses.
•       La collecte, le stockage et le traitement des données posent des questions majeures en termes de respect de la vie privée et de cybersécurité. Les pouvoirs publics doivent avoir pleinement conscience des enjeux de souveraineté nationale, de sécurité et de démocratie intrinsèques au projet.

À travers le développement de projets ambitieux prenant en compte ces enjeux, la ville connectée et responsable de demain se dessine sous nos yeux. Une ville attractive, compétitive, agréable et sûre, gérée de manière durable, efficace et participative !

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