Crédit d’Impôt Recherche (CIR) : comment savoir si l’on est éligible ?

Découvrez comment vérifier si votre projet est éligible au Crédit d’Impôt Recherche (CIR).

Olivier Equey

Manager en fiscalité de la recherche – France

06/11/2025

5 minutes de lecture


Chaque année, de nombreux dirigeants et responsables financiers se demandent si leurs projets de développement peuvent bénéficier du Crédit d’Impôt Recherche.

Le guide officiel est long et parfois difficile à comprendre, avec un langage dense et de nombreuses références juridiques, ce qui rend la navigation dans ces eaux troubles particulièrement ardue.

Les critères d’éligibilité semblent parfois complexes, mais ils reposent sur des principes clairs et vérifiables.

Quelles entreprises sont éligibles au Crédit d’Impôt Recherche ?

Le Crédit d’Impôt Recherche s’adresse à un large éventail d’entreprises : industrielles, commerciales ou agricoles. Autrement dit, toute société qui investit dans la recherche et le développement (R&D) peut en bénéficier, à condition d’être soumise à l’impôt sur le revenu ou à l’impôt sur les sociétés.

Peu importe la forme de votre structure : entreprise individuelle, société artisanale, SARL, SA, ou encore société par actions, toutes peuvent prétendre au CIR si elles remplissent ces conditions.

Le CIR est accessible à toute entreprise, quelle que soit sa taille ou sa forme juridique, dès lors qu’elle est :

  • Soumise à un régime réel d’imposition (IR ou IS),
  • Exonérée d’impôt mais appartenant à l’une des catégories suivantes :
    • Jeune entreprise innovante (JEI),
    • Entreprise créée pour la reprise d’une société en difficulté,
    • Entreprise implantée dans une zone éligible.

Comment le CIR soutient-il les entreprises de différentes tailles ?

Les startups et PME innovantes souvent en phase de développement technologique utilisent le CIR pour financer leurs premières équipes de R&D, la conception de prototypes ou les essais de faisabilité scientifique.

Les entreprises de taille intermédiaire (ETI), structurées autour de bureaux d’études ou de départements R&D, recourent au CIR pour optimiser leurs procédés et accélérer leurs cycles d’innovation.

Le CIR soutient les programmes de recherche des grands groupes industriels et technologiques à long terme et leurs partenariats avec des laboratoires publics ou privés.

Les filiales françaises de groupes étrangers sont pleinement éligibles dès lors que les dépenses de R&D sont effectuées et comptabilisées en France et que la filiale est imposée en France.

Quels projets sont éligibles au Crédit d’Impôt Recherche ?

Pour qu’un projet soit reconnu comme une véritable activité de recherche et développement (R&D), il doit répondre aux cinq critères fondamentaux définis par le Manuel de Frascati, la référence internationale en la matière.

Ces critères permettent de distinguer la R&D des simples activités d’ingénierie, d’amélioration de produit ou de production.

1. La nouveauté : viser des résultats encore inexplorés

Une activité de R&D doit chercher à produire des connaissances nouvelles.

Cela ne signifie pas forcément inventer de zéro : il peut s’agir d’explorer des pistes qui mènent à des résultats différents de ceux attendus ou d’approfondir des phénomènes encore mal compris.

En pratique, la R&D ne se mesure pas par le produit final, mais par la création structurée de savoirs qui le rendent possible, qu’il s’agisse d’un procédé, d’un algorithme, d’un matériau ou d’une méthode scientifique.

Par exemple :

L’Entreprise A, spécialisée dans les revêtements métalliques, a lancé un projet visant à développer un traitement de surface plus résistant à la corrosion. Aucun procédé existant ne répondait aux contraintes thermiques de ses clients industriels. En cherchant à comprendre les interactions entre matériaux à haute température, l’équipe R&D a exploré un champ encore peu documenté, répondant ainsi pleinement au critère de nouveauté.

2. La créativité : s’appuyer sur des idées originales

La R&D doit reposer sur des hypothèses, concepts ou approches nouvelles.

Autrement dit, elle implique de sortir du cadre des solutions connues pour tenter quelque chose de différent.

Lorsqu’une équipe conçoit une méthode inédite ou applique un concept non évident pour résoudre un problème technique, elle est dans une démarche de recherche.

C’est cette créativité, et non la simple application de savoirs existants, qui confère à une activité son caractère innovant.

Par exemple :

L’Entreprise B, éditeur de logiciels médicaux, a repensé entièrement son moteur d’analyse de données en s’appuyant sur un algorithme de corrélation issu de la recherche en biostatistique. L’approche n’était pas évidente et a nécessité la mise au point de modèles expérimentaux pour valider sa pertinence. Cette démarche illustre bien le caractère créatif d’une activité de R&D.

3. L’incertitude : accepter le risque scientifique ou technique

L’un des marqueurs essentiels de la R&D est l’incertitude du résultat.

Ni la faisabilité, ni la méthode exacte pour y parvenir ne peuvent être connues à l’avance.
Une activité de R&D peut servir à tester plusieurs hypothèses concurrentes, sans garantie qu’elles aboutissent.

C’est ce risque d’échec, notamment lors du développement de prototypes ou de logiciels expérimentaux, qui distingue la recherche véritable des simples travaux de mise au point ou de préproduction.

Par exemple :

L’Entreprise C, active dans la fabrication de capteurs industriels, a tenté de miniaturiser un dispositif de détection sans perte de précision. Malgré plusieurs prototypes, le résultat final restait incertain : certaines hypothèses ont été invalidées en cours de route. Cette part d’incertitude technique est typique d’un projet de R&D.

4. Le caractère systématique : planifier, documenter, structurer

La recherche ne se fait pas au hasard. Une activité de R&D doit être structurée, avec une planification claire, un budget défini et une traçabilité des travaux.

Chaque étape — objectifs, essais, résultats — doit être consignée. Cette rigueur méthodologique permet de prouver que la démarche est bien scientifique et non simplement empirique.

Par exemple :

L’Entreprise D a mis en place une démarche R&D encadrée par un plan de projet précis, un budget alloué et un suivi mensuel des essais. Chaque étape (définition des objectifs, protocoles d’expérimentation, compte-rendus) était documentée dans un rapport interne. Ce caractère systématique permet de justifier le sérieux et la traçabilité des travaux.

5. La transférabilité : permettre la reproduction des résultats

Enfin, une activité de R&D doit produire des résultats transférables ou reproductibles.

Autrement dit, les connaissances acquises doivent pouvoir être partagées, utilisées ou vérifiées par d’autres chercheurs ou équipes R&D.

Même les résultats “négatifs” (une hypothèse invalidée, un prototype non fonctionnel) ont de la valeur, car ils enrichissent le stock de connaissances.

C’est pourquoi il est essentiel de documenter et archiver les démarches et les conclusions, même lorsqu’elles restent confidentielles ou protégées par le secret industriel.

Par exemple :

L’Entreprise E, dans le domaine de la cosmétique, a étudié la stabilité de nouvelles formules naturelles. Même si certaines combinaisons se sont révélées inefficaces, les essais ont été documentés et intégrés dans une base de connaissances interne. Ces résultats, reproductibles par d’autres équipes, illustrent la transférabilité exigée pour une activité de R&D.

Astuce Myriad

Il arrive que certaines entreprises nous soumettent des projets d'amélioration qui ne correspondent pas exactement aux critères de R&D.

L’Entreprise F a adapté une machine existante à un nouveau format de production sans modifier le procédé de base. Ce type d’adaptation ne relève pas de la R&D, car il ne comporte ni incertitude scientifique ni avancée technologique — il s’agit d’une activité d’ingénierie classique.

Si votre innovation consiste surtout à adapter un produit à un nouveau marché, elle relèvera plutôt du Crédit d’Impôt Innovation.

Comment identifier les activités de R&D éligibles au CIR ?

Chaque opération de R&D vise à résoudre un verrou scientifique nettement individualisé. Même un projet “non abouti” peut être éligible s’il démontre une démarche de recherche rigoureuse et une production de savoirs.

Les critères essentiels pour tous les projets éligibles sont :

  • Une avancée de l’état de l’art : le projet doit chercher à dépasser les connaissances, méthodes ou technologies existantes dans son domaine.
  • Une nouveauté mesurable : création ou amélioration significative d’un produit, procédé, service ou technologie.
  • Une prise de risque scientifique et technique : existence d’incertitudes, d’hypothèses à valider, de verrous technologiques à lever.
  • Une contribution à la connaissance : même si le résultat commercial n’est pas immédiat, le projet doit enrichir le savoir de l’entreprise ou du secteur.

Demandez à votre équipe de préciser ces quatre critères ci-dessus pour avoir une idée de votre éligibilité.

Certains projets présenteront des indicateurs de R&D plus évidents. Les indicateurs de R&D peuvent inclure :

  • Publications ou communications dans des congrès ou journaux ;
  • Participations à l’encadrement de thèses ;
  • Participations à des collaborations scientifiques avec des organismes publics français ou internationaux ;
  • Participations à un projet collaboratif subventionné avec un organisme de recherche public ;
  • Dépôts de brevets ou de logiciels, enveloppes Soleau, etc.

Astuce Myriad

Un projet de R&D ne se limite pas forcément à une seule activité : il peut englober plusieurs opérations distinctes, chacune visant à résoudre une difficulté scientifique ou technique spécifique encore non résolue par l’état des connaissances.

Dans certains cas, une même opération de recherche peut d’ailleurs alimenter plusieurs projets au sein de l’entreprise.

À l’inverse, un sous-projet de l’entreprise plus ciblé peut, à lui seul, constituer une véritable opération de R&D s’il poursuit un objectif d’avancée technologique clairement identifié.

Comment prouver l’éligibilité de vos travaux ?

La constitution d’un dossier technique complet est essentielle pour démontrer l’éligibilité d’un projet au Crédit d’Impôt Recherche. Ce dossier doit documenter de manière claire les objectifs poursuivis, les méthodes employées et les résultats obtenus, afin de justifier le caractère scientifique ou technologique des travaux.

Le rescrit fiscal joue également un rôle clé : il permet à une entreprise de sécuriser l’interprétation de son projet avant de déposer sa déclaration, en obtenant l’avis formel de l’administration.

Un dossier bien structuré et documenté augmente considérablement les chances d’acceptation.

Par exemple :

L’Entreprise G, spécialisée dans la fabrication de capteurs connectés, a soigneusement consigné chaque étape de ses essais de prototypage. Grâce à cette démarche rigoureuse, elle a obtenu la validation de son dossier par l’administration sans difficulté.

Comment maximiser vos chances d’obtenir le CIR ?

Bien comprendre les critères d’éligibilité vous permet de maximiser le potentiel du Crédit d’Impôt Recherche tout en sécurisant votre dossier fiscal.

Vous souhaitez vérifier si vos projets sont éligibles ? Contactez nos experts pour un diagnostic CIR gratuit et confidentiel.


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