JEI : qu’est-ce qu’un rescrit ?

Le rescrit JEI permet de sécuriser l’éligibilité au statut Jeune Entreprise Innovante. Découvrez son rôle, ses limites, les critères officiels et comment préparer un dossier solide.

Olivier Equey

Manager en fiscalité de la recherche – France

15/12/2025

8 minutes de lecture


Si vous n’avez jamais entendu parler du “rescrit ”, vous êtes au bon endroit. Surtout si vous pensez prétendre au statut Jeune Entreprise Innovante (JEI). Mal connu, le rescrit JEI permet pourtant de sécuriser l’éligibilité de l’entreprise avant d’appliquer les exonérations. C’est parti ! 

Qu’est-ce que le rescrit JEI ?

Le rescrit JEI est une procédure officielle permettant à une entreprise d’interroger l’administration fiscale sur son éligibilité au statut Jeune Entreprise Innovante. 

Concrètement, l’entreprise présente sa situation, décrit ses projets de R&D, expose ses dépenses, et demande à l’administration : “Sommes-nous éligible au statut JEI ?”.

Ce mécanisme s’appuie sur l’article L80 B du Livre des Procédures Fiscales, qui encadre le rescrit fiscal pour tous les dispositifs dont le JEI fait partie. Il permet à l’administration de rendre une prise de position formelle sur votre situation, opposable en cas de contrôle.

Le rescrit joue donc un rôle simple : éviter d’appliquer le statut JEI sur une base fragile ou mal documentée. Il répond à un besoin réel : s’assurer du critère le plus délicat du dispositif, les fameux 20 % de dépenses de R&D, qui doivent être calculés selon les règles du CIR, ce qui implique une analyse technique et financière précise. 

Pourquoi ce dispositif existe-t-il ?

Le statut JEI combine deux logiques : une logique d’innovation et une logique fiscale. L’administration doit s’assurer que le statut est réservé aux entreprises qui mènent réellement des travaux de R&D tels que définis pour le crédit d’impôt recherche (CIR).

Cette exigence repose sur trois blocs :

  1. Une analyse technique des projets menés par l’entreprise ;
  2. Une comptabilisation précise des dépenses de recherche selon les catégories CIR ;
  3. Une vérification du ratio de 20 %, calculé sur les charges fiscalement déductibles.

Ce sont ces trois éléments qui font peser un risque en cas de contrôle URSSAF ou fiscal : même si l’entreprise a appliqué le statut de bonne foi, elle doit être capable de prouver qu’elle remplissait toutes les conditions. 

Le rescrit JEI est-il obligatoire ?

Non, il ne l’est pas. Comme le CIR, le statut JEI fonctionne par autodéclaration : l’entreprise peut donc appliquer les exonérations sans passer par un rescrit. Pour autant, dans les faits, il devient souvent nécessaire dès que l’entreprise ne peut pas démontrer avec précision la nature de ses travaux de R&D ou la composition de ses dépenses.

Bon à savoir

Le rescrit n’est pas un passage obligé, mais il est souvent le seul moyen d’éviter un risque réel lors d’un contrôle, notamment sur les cotisations sociales.

Que se passe-t-il lorsque l’administration répond favorablement ?

Une réponse positive constitue une prise de position formelle pour le projet de votre entreprise. Cela signifie que l’administration fiscale reconnaît votre éligibilité au statut JEI pour l’année concernée, sur la base des éléments que vous lui avez fournis.Cette prise de position possède une opposabilité très forte : sauf changement majeur de votre situation ou omission d’un élément essentiel dans votre demande, l’administration ne pourra pas revenir en arrière pour l’année examinée. 

Et si l’administration ne répond pas ?

Théoriquement, le rescrit fiscal est encadré par une règle claire : l’administration dispose d’un délai de trois mois pour répondre. Au-delà, son silence vaut acceptation. Ce principe de “silence vaut accord” (SVA) selon impots.gouv.

En pratique, nos consultants nous rapportent que l'Administration française rend une réponse dans tous les cas. Si elle est en retard, elle prétextera qu'il manque un document ou qu'elle ne peut pas le lire afin de relancer le délai. Malin ! 

Le rescrit JEI garantit-il la sécurité totale ?

Il sécurise beaucoup de choses, mais pas tout. Le rescrit valide la lecture que vous faites de votre situation au moment où vous le présentez, mais il ne protège pas contre :

  • Une évolution du périmètre de vos projets ;
  • Un changement de ratio R&D l’année suivante ;
  • Une erreur de calcul dans vos dépenses non mentionnées dans le rescrit ;
  • Une omission dans la documentation transmise.

Autrement dit, le rescrit est une protection forte mais limitée au périmètre présenté. C’est une sécurité, pas une immunité générale.

Quels documents faut-il fournir dans un rescrit JEI ?

Un rescrit JEI nécessite une démonstration complète de votre R&D, très proche de celle demandée pour le CIR : 

  • L’entreprise doit présenter ses projets en suivant les critères publiés dans le guide CIR du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : verrous, incertitudes, démarche expérimentale, état de l’art, résultats obtenus, personnel impliqué.
  • À cette description technique doit s’ajouter une partie financière solide, expliquant précisément le calcul du ratio de 20 % selon les catégories CIR : dépenses de personnel, amortissements, sous-traitance, frais de fonctionnement. 

L’administration attend un raisonnement transparent : elle compare votre calcul à votre comptabilité, et non à vos déclarations d’intention.

Attention, préparer ce dossier demande de la méthode. Il faut extraire la matière existante dans l’entreprise, tickets de développement, rapports techniques, cahiers de tests, documents internes, puis la transformer en une démonstration claire, argumentée et structurée. Soyez méticuleux ! 

Pourquoi un dirigeant n’a-t-il souvent pas le temps de préparer un rescrit JEI ?

La raison est simple : un bon rescrit exige la combinaison de deux expertises rarement réunies chez un CEO ou un CFO, et encore moins dans leur agenda.

Il faut d’abord : 

  • Comprendre les critères scientifiques nécessaires au dossier, 
  • Traduire cette réalité opérationnelle en une démonstration alignée sur les critères fiscaux du statut JEI.

Combien de temps cela prend-il ?

La rédaction demande généralement entre 25 et 50 heures de travail, sans compter le temps de collecte des preuves.

Dans les entreprises en croissance, ce temps n’existe pas. Les dirigeants savent que le rescrit serait utile, mais n’ont pas la disponibilité pour structurer un dossier solide. C’est souvent à ce moment que l’accompagnement devient indispensable.

Exemple : 

Entreprise A développait une technologie permettant d’automatiser certaines analyses dans le secteur pharmaceutique. Les travaux relevaient clairement de la R&D : exploration scientifique, limites techniques identifiées, itérations successives.

Pourtant, rien n’avait été formalisé en interne. Le CTO gérait des priorités techniques urgentes et n’avait pas le temps de produire un dossier structuré, encore moins un calcul robuste du ratio de 20 %. L’entreprise savait que le rescrit sécuriserait le statut JEI, mais elle ne disposait d’aucune ressource interne capable de rédiger un dossier aussi dense dans les délais.

Ce cas illustre une situation fréquente : un projet réellement innovant, mais une documentation insuffisante pour demander un rescrit sans accompagnement.

Comment un accompagnement structuré sécurise réellement un rescrit JEI ?

Obtenir un rescrit JEI repose sur une démonstration solide : prouver que les travaux relèvent bien de la R&D au sens du CIR et que les dépenses dépassent le seuil des 20 %. Un accompagnement professionnel permet de sécuriser chaque étape et d’éviter un refus de l’administration.

1. Qualification précise du projet et du ratio R&D

La première phase consiste à analyser finement les projets : nature des travaux, incertitudes scientifiques ou techniques, et périmètre des dépenses. Objectif : valider rapidement l’éligibilité et éviter de déposer un rescrit voué à l’échec. Cette qualification initiale est déterminante pour optimiser les chances d’obtenir l’avis favorable.

2. Reconstitution et structuration de la matière technique

L’accompagnement permet de collecter, organiser et reformuler toutes les preuves techniques :

  • Tickets et spécifications,
  • Schémas, prototypes, rapports,
  • Echanges internes, notes d’architecture, etc.

Cette matière brute est transformée en un dossier clair, cohérent et argumenté, conforme au Guide CIR du MESR et aux attentes des services instructeurs (MESR/DRARI).

Des entretiens complètent les zones insuffisamment détaillées afin de produire une démonstration technique robuste.

3. Analyse financière et calcul sécurisé du ratio JEI

La partie financière doit correspondre strictement aux postes de dépenses du CIR. Un accompagnement structuré permet :

  • D’identifier et justifier les dépenses éligibles,
  • De les rattacher précisément aux projets R&D,
  • De ventiler les coûts pour obtenir un ratio JEI fiable et maîtrisé.

Cette étape nécessite une lecture rigoureuse de la comptabilité et un alignement avec le dossier technique, un point souvent complexe pour les entreprises en autonomie.

4. Rédaction, dépôt du rescrit et gestion du dialogue avec l’administration

L’accompagnement inclut :

  • La rédaction complète du rescrit JEI,
  • La mise en forme du dossier de dépôt,
  • La réponse aux éventuelles demandes de précisions de l’administration fiscale ou de la DRARI.

Cette sécurisation finale garantit un échange fluide avec les services instructeurs et maximise les chances d’obtenir un avis positif.

Points clés à retenir

  • Le rescrit JEI est une demande d’avis formelle adressée à l’administration fiscale pour sécuriser votre éligibilité au statut et réduire fortement le risque de redressement.
  • Il s’appuie sur l’article L80 B du Livre des procédures fiscales, ce qui lui confère une valeur opposable si l’administration valide votre position.
  • Il exige une démonstration technique complète, incluant l’analyse des projets de R&D, les verrous, la démarche expérimentale et la justification du ratio de 20 %.
  • Sa préparation représente en pratique 25 à 50 heures de travail interne, un volume difficile à absorber pour des dirigeants déjà sur-sollicités.
  • Un accompagnement spécialisé permet de produire un dossier solide, structuré et défendable, prêt pour dépôt, tout en mobilisant vos équipes uniquement sur les informations essentielles.

En obtenant une position explicite de l’administration, vous réduisez drastiquement le risque de remise en cause de votre statut. Encore faut-il que le dossier soit techniquement irréprochable : analyse des projets, ratio R&D, justification des dépenses, cohérence comptable.

Pour une start-up ou une PME innovante, cet investissement méthodologique permet de transformer un dispositif complexe en avantage fiscal durable et maîtrisé.

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