Comment déterminer si mon innovation est vraiment innovante pour le CII ?

Comment savoir si votre projet est réellement innovant ? Découvrez les critères concrets pour distinguer une vraie innovation d’une simple modernisation, pour vous permettre d’obtenir le CII.

Olivier Equey

Manager en fiscalité de la recherche – France

28/11/2025

9 minutes de lecture


Vous êtes CEO ou CFO d’une entreprise ? Alors vous êtes sans doute déjà demandé : Est-ce que ce projet est réellement innovant ? Rassurez-vous, c’est une question que nos clients nous posent fréquemment. 

En entreprise, on pense innover dès qu’on ajoute une fonctionnalité, qu’on améliore une interface ou qu’on refond un module technique. Mais être nouveau en interne ne signifie pas être innovant sur le marché. Voilà pourquoi il est essentiel de comprendre comment trancher rapidement sur la question afin de savoir si vous pouvez bénéficier du CII. 

Pourquoi est-il si difficile de savoir si votre innovation est vraiment innovante ?

Dans le cadre du Crédit Impôt Innovation (CII), vous vous demandez sans doute si votre démarche est réellement innovante. 

Parce que dans les entreprises, le mot “innovation” est utilisé pour décrire à peu près tout : un nouveau module, une amélioration UX, un redesign, une mise à jour technique.

Mais pour les investisseurs, les partenaires technologiques ou l'administration fiscale, l’innovation n’a pas la même définition.

Ce qui compte, c’est :

  • le niveau de nouveauté par rapport au marché,
  • la complexité technique nécessaire pour y parvenir,
  • et le gain fonctionnel mesurable pour l’utilisateur final.

À retenir  

Une innovation n’est donc pas “ce que vous n’aviez jamais fait”, mais ce que le marché ne propose pas encore, ou pas de cette manière. C’est pour cela que tant d’entreprises pensent innover… alors qu’elles modernisent simplement leur produit. D’où la nécessité de faire un état du marché

Quels critères pour déterminer que c’est une innovation qualificative ? 

Avez-vous plusieurs hypothèses techniques à valider ou invalider ? 

L'incertitude fait partie du projet. Un projet innovant commence par des questions ouvertes.
Le résultat n’est pas connu d’avance : il faut tester différentes pistes techniques, confronter plusieurs approches, analyser leurs limites, et déterminer lesquelles permettent d’atteindre la performance attendue. 

Bon à savoir

Chaque hypothèse nécessite une validation structurée, ce qui crée une démarche d’expérimentation typique d’un projet CII.

Avez-vous un risque d’échec non négligeable ? 

Si oui, la solution finale n’est pas garantie.

Dans un projet innovant, certaines approches peuvent échouer, certaines performances peuvent ne jamais être obtenues, et il est possible que la faisabilité globale soit remise en question. Ce risque n’est pas théorique : il fait partie du processus. 

Bon à savoir

C’est même l’un des critères centraux utilisés par l’administration pour distinguer un projet innovant d’un simple développement métier.

Avez-vous la possibilité d’accumuler des preuves ?

Tests, benchmarks, PoC, la démonstration de performance est indispensable. 

Un projet innovant doit démontrer qu’il apporte réellement une amélioration fonctionnelle nouvelle, mesurable et objectivable. Cela nécessite la mise en place de tests, d’essais d’usage, de benchmarks comparatifs, de mesures de performance ou de PoC.

Ces éléments permettent de documenter l’effort d’innovation et constituent des preuves essentielles dans un dossier CII.

Avez-vous une ou plusieurs versions de prototypes ?

L’innovation se construit par maturation et un prototype matérialise l’effort d’innovation.

Il permet de tester une hypothèse, de mesurer une performance, de valider ou d’invalider une approche, puis de converger vers une solution mature. Plusieurs versions successives témoignent de la progression technique : premières explorations, premières intégrations, optimisation, stabilisation.

Bon à savoir

Cette maturité progressive est l’un des meilleurs indicateurs qu’un projet présente bien un caractère d’innovation fonctionnelle au sens du CII.

Votre projet peut-il être confondu avec une optimisation interne ?

Beaucoup d'entreprises confondent modernisation technique interne et innovation produit. Pourtant, ce sont deux démarches différentes.

Ne sont pas considérés comme innovants :

  • L’automatisation d’un flux interne : elle améliore l’efficacité opérationnelle sans créer de nouvelles fonctionnalités pour le marché.
  • Une réarchitecture logicielle (microservices, cloud, refonte technique) : elle renforce l’infrastructure sans apporter d’innovation fonctionnelle visible pour l’utilisateur.
  • L’optimisation d’un back-office ou d’un outil interne : elle fluidifie les opérations internes mais ne modifie pas la valeur du produit final.
  • La refonte UI/UX d’un produit existant : elle modernise l’interface ou l’expérience, mais n’introduit pas de performance fonctionnelle nouvelle.

À noter : 

Ces travaux peuvent être stratégiques, mais ils n’introduisent pas d’innovation fonctionnelle pour l’utilisateur final. Ils améliorent votre organisation, pas votre produit au sens du marché.

Votre innovation se situe-t-elle sur le marché ou uniquement dans votre entreprise ?

Un projet peut être très nouveau pour vous, et simplement standard pour votre secteur. Ce point est souvent négligé : L’innovation se mesure par rapport à l’état de l’art du marché, pas par rapport à votre historique interne.

Exemple : Une entreprise développe pour la première fois une application mobile pour ses clients. En interne, c’est une avancée majeure : l’entreprise n’a jamais eu de canal mobile. Sur le marché, toutes les entreprises concurrentes proposent déjà une application similaire depuis plusieurs années.

Conclusion : c’est un changement stratégique pour l’entreprise, mais simplement un alignement avec le standard du secteur, donc pas une innovation au sens du CII.

D’où l’importance de réaliser un benchmark concurrentiel précis :

  • Qui propose quoi ?
  • À quel niveau de performance ?
  • Avec quelles limitations ?

Une innovation est crédible si votre solution apporte un avantage comparatif objectif.

Qu’est-ce qui distingue une innovation d’une simple amélioration produit ?

Dans le cadre du CII, une innovation ne se juge pas à l’intention, mais à l’impact fonctionnel.

Mon innovation est-elle réelle ? 

Oui, elle l’est si elle : 

  • introduit une fonctionnalité nouvelle qui change significativement la valeur d’usage du produit ;
  • ajoute une performance mesurable et différenciante, comme la vitesse, la précision, la fiabilité ou encore une automatisation avancée ;
  • permet un usage impossible auparavant, soit par rupture, soit par contournement d’une limite technique existante ;
  • utilise une approche technique différente qui modifie la manière de résoudre un problème.

Bon à savoir 

L’innovation crée donc une nouvelle capacité, pas une amélioration incrémentale.

Est-ce une simple modernisation ?

Le projet peut être une simple modernisation s’il s’agit de : 

  • un rattrapage de fonctionnalités déjà présentes chez vos concurrents ;
  • une refonte visuelle ou ergonomique sans changement de performance réelle ;
  • une mise à jour logicielle (nouvelle version, nouveau framework, migration cloud…) ;
  • une adaptation du produit à un client, un secteur ou un contexte spécifique ;
  • une montée au niveau des standards du marché.

Une amélioration peut être utile, rentable et stratégique… mais elle n’est pas forcément innovante. C’est là que bon nombre d’entreprises se trompent et s’embourbent dans des démarches administratives complexes et non nécessaires. On y revient dans le détail un peu plus bas. 

Votre innovation nécessite-t-elle réellement un prototype ?

Une autre question qui peut fortement vous aider à savoir si vous innovez vraiment, et ainsi que vous pouvez prétendre au CII, est la création d’un prototype. 

Le prototype est un indicateur clé d’innovation, car il répond à une nécessité technique : tester ce qui n’existe pas encore.

Quels critères pour déterminer que ce n’est pas une innovation ? 

Voici des critères qui vous amènent à qualifier votre démarche comme “non innovante” au sens du CII. 

Y a-t-il un test exploratoire ? 

Si non, dans ce cas, la solution est déjà maîtrisée. Si vous pouvez déployer une fonctionnalité sans passer par une phase d’investigation préalable, cela signifie que l’équipe dispose déjà de toutes les connaissances nécessaires. 

Aucun point technique ne nécessite d’être éclairci, aucune incertitude ne doit être réduite, et la démarche ne demande pas d’analyse préalable.

Bon à savoir

Dans un dossier CII, cela correspond typiquement à un travail d’intégration ou de configuration, où l’entreprise applique des pratiques connues sans chercher à obtenir une performance fonctionnelle nouvelle.

N’y a-t-il aucun ajustement technique difficile ?

Aucune erreur, aucun essai ? Ce n’est probablement pas une innovation. Un projet innovant implique généralement des allers-retours : certaines pistes ne fonctionnent pas comme prévu, des solutions doivent être ajustées, recalibrées ou abandonnées.

Si le développement se déroule sans aucune phase d’essai/erreur, c’est que le comportement technique du produit est parfaitement anticipé. La technologie utilisée est maîtrisée et ne nécessite ni adaptation profonde ni résolution de problèmes inattendus.
On se situe alors dans une démarche d’application, non dans une démarche innovante.

Y a-t-il des itérations techniques ? 

Les itérations techniques marquent la progression d’une solution vers la performance attendue. Elles permettent de corriger, tester, mesurer, ajuster, puis stabiliser une version améliorée du produit ou de la fonctionnalité.

L’absence d’itérations signifie que la première version répond immédiatement au besoin, sans modification ni optimisation. Cela traduit une absence d’incertitude et une absence d’effort technique nouveau.  C’est un indicateur fort qu’on ne se trouve pas dans un cadre d’innovation.

Y a-t-il une création fonctionnelle nouvelle ?

Si le projet consiste seulement à assembler des technologies existantes, à réutiliser des modules standardisés, à appliquer des architectures éprouvées ou à suivre des guides techniques disponibles, il s’agit d’intégration.

Une simple recombinaison de briques ne suffit pas à créer une innovation au sens du CII. 

En conclusion, l’innovation suppose un apport fonctionnel nouveau, résultant d’un travail de conception spécifique et d’une incertitude initiale. Ce n’est donc probablement pas une innovation, mais peut-être une implémentation.

Votre innovation change-t-elle la manière dont le produit répond à un usage ?

C’est le critère le plus important : une innovation transforme l’usage, pas seulement le produit.

Demandez-vous si votre projet :

  • Ajoute une capacité nouvelle que l’utilisateur attendait : cela consiste à introduire une fonctionnalité inexistante jusqu’ici et qui transforme concrètement l’usage.
  • Permet un gain de performance quantifiable : il s’agit d’obtenir une amélioration mesurable par des tests, comme une rapidité, une précision ou une efficacité supérieure.
  • Automatise un processus auparavant manuel : l’innovation intervient lorsque l’entreprise crée un traitement ou un algorithme remplaçant une action humaine.
  • Supprime une friction importante dans l'expérience utilisateur : cela correspond à éliminer une étape complexe ou source d’erreur grâce à un fonctionnement technique nouveau
  • Améliore la fiabilité ou la précision à un niveau supérieur à l’état de l’art : le projet atteint une stabilité ou une justesse que les solutions existantes ne permettent pas encore.
  • Ouvre un usage qui n’était pas accessible auparavant : il s’agit de rendre possible une action, une interaction ou une performance techniquement hors de portée avant le projet.

Ce critère est central pour le CII et pour toute analyse d’innovation, car il permet de trancher entre : “C’est mieux” et  “C’est nouveau dans sa manière de répondre à un besoin.”

Points clés à retenir

  • L’innovation est définie par une rupture fonctionnelle, pas par une quantité de travail ou un budget.
  • Si le projet rattrape un retard ou actualise un existant, il relève plutôt de la modernisation.
  • Un projet innovant nécessite souvent un prototype, car il implique des risques et des validations techniques.
  • L’innovation doit être évaluée à l’échelle du marché, pas à l’échelle interne.
  • Le meilleur filtre reste : “Qu’est-ce que l’utilisateur peut faire demain qu’il ne pouvait pas faire hier ?”

Vous savez désormais si votre démarche rentre dans le cadre d’un Crédit Impôt Innovation (CII). Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez consulter notre e-book CII. Besoin d’organiser vos dépenses CII ? Voici nos templates CII

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