CII : Innovation incrémentale ou de rupture ? Clarifier la frontière pour sécuriser et valoriser vos projets

Vous innovez de manière incrémentale ? Lisez notre article.

Olivier Equey

Manager en fiscalité de la recherche – France

05/08/2025

5 minutes de lecture


Pour les PME françaises, le Crédit Impôt Innovation (CII) (jusqu'à fin 2027) est un levier fiscal clé pour soutenir la conception de prototypes ou d’installations pilotes de nouveaux produits. 

Mais être « nouveau » ne suffit pas : l’administration fiscale distingue innovation de rupture et innovation incrémentale, avec une attention particulière portée à la vraie nouveauté et à la supériorité du produit sur le marché.

1. Définitions : innovation incrémentale vs. innovation de rupture

Terme

Définition

Éligibilité CII

Innovation incrémentale

Amélioration limitée d’un produit ou d’un procédé existant (fonction, esthétique, adaptation mineure)

Très rarement éligible

Innovation de rupture

Création d’un produit/procédé réellement nouveau ou d’une solution différente présentant des performances nettement supérieures (technique, usage, éco-conception)

Éligible

 

Clé d’éligibilité : le CII exige que le produit se distingue nettement de ce qui existe déjà sur le marché par ses performances supérieures (technique, fonctionnalité, ergonomie, éco-conception).

Une amélioration banale ou une mise à niveau visuelle ne suffit pas.

2. Les exigences spécifiques de l’administration fiscale

Selon entreprises.gouv.fr, seuls les projets apportant une « vraie nouveauté » et dont le prototype ou l’installation pilote servira de modèle à une fabrication future sont acceptés. 

Pour être éligible :

  • Le nouveau produit doit être distinct de l’offre existante sur le marché : argumentation comparative, tests, benchmarks nécessaires.
  • Il faut démontrer la supériorité : technique, écologique, ergonomie…
  • La simple atteinte d’objectifs internes ou la conformité à une norme ne justifie pas le CII, il doit y avoir innovation au sens marché.
  • L’administration peut exiger la demande de rescrit pour sécuriser l’éligibilité du projet.

3. Exemples concrets de projets acceptés et refusés

Cas acceptés par l’administration

  • Développement d’un nouveau capteur environnemental intégrant une technologie de mesure inédite, permettant d’obtenir des précisions supérieures à l’existant (par exemple, intégration d’une connectique étanche, stabilisation de carte électronique par résine, affichage OLED) .
  • Mise au point d’un nouveau type d’emballage alimentaire biosourcé dont le prototype apporte des performances environnementales et mécaniques inédites.
  • Conception d’un logiciel de monitoring industriel utilisant une base de données environnementales de nouvelle génération, absente du marché.

Cas refusés ou requalifiés (jurisprudence récente)

  • Modification esthétique ou ergonomique sans avancée fonctionnelle : ajout d’un bouton, changement cosmétique, nouveau coloris, adaptation réglementaire sans apport technique nouveau.
  • Atteinte de “caractéristiques équivalentes” à un concurrent : un projet dont l’unique argument est de s’aligner sur la concurrence ou d’obtenir un niveau de performance déjà observé sur le marché n’est pas éligible.
  • Impossible de réaliser des comparaisons concurrentielles : si la société ne peut prouver la supériorité de son produit faute d’éléments marché, le dossier est systématiquement écarté.
  • Défaut de preuve que le prototype sert de modèle à une future industrialisation : la réalisation d’un unique démonstrateur, sans perspective de développement, ne remplit pas le critère.

4. Conseils pour valoriser et sécuriser le caractère novateur

Pour maximiser l’acceptation de vos dossiers CII :

    • Faites une veille concurrentielle documentée : Identifiez les produits ou procédés existants sur le marché et argumentez en quoi votre projet surpasse leurs performances.
    • Justifiez la nouveauté avec des preuves tangibles : prototypes testés, mesures comparatives, résultats techniques, études d’impact environnemental ou ergonomique.
    • Structurez un dossier technique clair : fiches projets, objectifs, étapes de conception, documentation des choix technologiques, descriptif du prototype, résultats de tests, dépôt de titres de PI (brevets, dessins, modèles).
    • Recourez au rescrit fiscal : En cas de doute sur l’éligibilité, demandez un rescrit à l’administration. Si avis défavorable, ajustez votre projet puis redéposez.
  • Distinguez la simple adaptation réglementaire de l’innovation :
    • Exemple d’adaptation non recevable : modification d’un produit pour respecter une nouvelle norme, sans forte amélioration technique ou environnementale.
    • Exemple innovant recevable : Opter pour une technologie qui, en plus d’être conforme à la norme, innove fortement (ex : doublement de la durée de vie de la solution).

5. Sécuriser son dossier : les bonnes pratiques attendues par l’administration

  • Constituez un dossier complet, associant rapport technique, justificatifs de dépenses, benchmarks concurrentiels, résultats de tests.
  • Montrez la finalité industrielle : le prototype ou l’installation doit viser une future production en série, pas seulement une preuve de concept ponctuelle.
  • Expliquez la supériorité clairement dans la documentation remise à l’administration. Les descriptions de performances, d’intégrations de fonctionnalités inédites, ou d’éco-conception avancée sont décisives.
  • Demandez éventuellement un second avis si un premier rescrit est refusé.

6. Requalification et anticipation

Si l’administration considère que le projet relève plus de l’innovation que de la recherche, il est parfois possible de requalifier un dossier CIR initialement rejeté en CII : cette démarche permet de sauver le crédit d’impôt mais impose un dossier rigoureux et démonstratif.

Conclusion

La frontière entre innovation incrémentale et innovation de rupture est décisive pour l’accès au CII.
Miser sur des avancées nettes, prouver la différence technique ou écologique, et documenter un dossier solide, sont les clés pour sécuriser vos demandes.
La jurisprudence récente montre que la démonstration comparative, la valorisation de l’innovation et le recours au rescrit fiscal sont devenus incontournables.

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