Benchmark européen des crédits d’impôt innovation : où le CII français se situe-t-il face à l’Allemagne, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas ?

Analyse comparative des Crédits Impôts Innovation (CII) en Europe.

Olivier Equey

Manager en fiscalité de la recherche – France

30/07/2025

5 minutes de lecture


Introduction

Le Crédit d’Impôt Innovation (CII), pilier du financement de l’innovation pour les PME françaises, est régulièrement cité comme l’un des dispositifs fiscaux les plus aboutis en Europe pour soutenir la création de prototypes, les installations pilotes et les nouveaux produits. Pourtant, chaque grand pays européen a développé ses propres outils fiscaux pour booster la R&D et l’innovation.

Quelles différences majeures ? Où le CII se distingue-t-il, et quelles pistes d’amélioration ressortent du benchmark européen ? Tour d’horizon des dispositifs français, allemands, britanniques et néerlandais.

La spécificité du modèle français : CII et CIR, un dispositif à deux étages

La France se distingue par un schéma dual complémentaire :

  • Crédit d’Impôt Recherche (CIR) : ouvert à toutes les entreprises pour des projets de R&D, il couvre 30 % des dépenses éligibles (20 % au-delà de 100 millions €), principalement pour la recherche fondamentale et appliquée.
  • Crédit d’Impôt Innovation (CII) : réservé aux PME, il cible spécifiquement la phase aval (prototypage, installation pilote, innovation produit) et rembourse 20 % des dépenses éligibles, jusqu’à 80 000 € de crédit annuel (plafond : 400 000 € de dépenses/an).
  • Taux majorés dans certaines zones (35 % à 60 % dans les DOM et la Corse), ce qui est une rareté européenne.

Le CII se distingue aussi par son focalisation sur les PME, son adossement au CIR (démarche déclarative commune et contrôle partagé) et sa prise en compte de l’éco-conception et de la sobriété numérique, deux priorités émergentes.

Panorama des principaux dispositifs européens

Allemagne : le Forschungszulage

  • Forschungszulage (depuis 2020) : crédits fiscaux à hauteur de 25 % des dépenses de personnel R&D engagées sur des projets de recherche fondamentale, industrielle ou de développement expérimental.
  • Plafond élevé : jusqu’à 4 millions € de dépenses par an (soit maximal 1 000 000 € de crédit).
  • Ouvre à des entreprises de toutes tailles, sans exclusivité PME.
  • Pratique unique : validation du projet par un organisme spécialisé (BSFZ), démarche plus complexe administrativement.
  • Innovation produit : moins de focus sur la phase de prototypage ou d’installation pilote stricto sensu que le CII français ; accent marqué sur la R&D au sens large.

Royaume-Uni : R&D Tax Relief (SME Scheme et RDEC)

  • SME R&D Relief : permet aux PME une déduction complémentaire de 86 % des dépenses innovation sur l’assiette imposable, soit un effet fiscal qui oscille entre 18 % et 32 % selon le profil de l’entreprise (entreprises profitables ou déficitaires).
  • RDEC (Research and Development Expenditure Credit) : pour les grandes entreprises ou les PME n’entrant pas dans le SME Scheme, à un taux d’environ 13 % des dépenses.
  • Inclusion large : développement logiciel, prototypes, tests, mais méthodologie exigeante sur la justification de « l’incertitude scientifique ou technologique ».
  • Aucun plafond annuel, mais les frais de sous-traitance et certaines dépenses de propriété intellectuelle ne sont pas systématiquement éligibles.

Pays-Bas : WBSO (Wet Bevordering Speur- en Ontwikkelingswerk)

  • WBSO : réduction sur les charges salariales pour la R&D, valable pour toutes tailles d’entreprises, y compris les indépendants.
  • Taux : 32 % sur la première tranche de 350 000 €, puis 16 % au-delà ; taux de base supérieur pour nouvelles entreprises.
  • Innovation visée : aussi bien R&D que prototypage, mais avec une démarche de déclaration préalable obligatoire (ex-ante).
  • Forte logique d’intégration avec d’autres subventions nationales (Innovation box, MIA/VAMIL pour éco-innovation…).
  • Originalité : effet immédiat sur la trésorerie via réduction de charges sociales.

Avantages comparatifs et pistes d’amélioration : le CII sous la loupe

Où le CII se distingue

  • Clarté de ciblage PME : en réservant l’avantage aux petites et moyennes entreprises, le CII encourage la prise de risque là où le besoin d’accompagnement est le plus fort.
  • Prise en compte du prototypage avancé, étape négligée dans certains pays voisins où seuls la recherche et le développement amont sont favorisés.
  • Cumul et articulation avec CIR, statut JEI, subventions Bpifrance ou Europe (sous réserve de non-doublement des aides).
  • Taux majorés en zones spécifiques, un dispositif rare qui vise à réduire les disparités territoriales.

Limites et axes de progrès

  • Plafond CII jugé trop bas par rapport à l’ampleur des phases de prototypage industriel, là où l’Allemagne et les Pays-Bas placent la barre à plusieurs millions d’euros.
  • Taux inférieur aux dispositifs Royaume-Uni ou WBSO néerlandais dans certains cas, qui approchent ou dépassent 30 % d’économie effective.
  • Complexité administrative : même si la France se distingue positivement par la stabilité et une certaine souplesse déclarative, de nombreux retours d’expérience pointent la lourdeur documentaire et la difficulté d’anticipation des contrôles.
  • Accompagnement encore inégal : la validation des projets (avant réalisation) est plus accessible en Allemagne ou aux Pays-Bas grâce à des plateformes spécialisées, là où l’administration française reste moins proactive préalablement.

Tableau comparatif synthétique

Pays

Taux/crédit

Plafond/an (€)

Focalisation

Phase visée

Originalité

France (CII)

20 % (35–60 % zones)

400 000 (dépenses)

PME seule

Prototypage, installation pilote

Taux majorés, ciblage PME, cumul CIR/CII

Allemagne

25 %

4 millions

Toutes entreprises

R&D amont, personnel R&D

Validation projet ex-ante, accent R&D avancée

Royaume-Uni

18–32 % (PME)

Aucun

PME et grands groupes

R&D, prototypes, logiciels

Déduction fiscale, focus « incertitude technologique »

Pays-Bas

16–32 %

Aucun

Toutes entreprises

R&D, prototypage

Réduction charges sociales, articulation aides

Perspectives et recommandations pour la France

Le CII français reste l’un des plus structurés en Europe pour les PME innovantes, par sa stabilité, son articulation CIR/CII et ses taux majorés zonés.
Mais face aux évolutions européennes, la France pourrait :

  • Rehausser le plafond de dépenses éligibles, pour soutenir la montée en puissance industrielle des projets deeptech et hardware.
  • Augmenter le taux de base (proche de 30 %, comme certains voisins) pour compenser l’élévation des coûts d’innovation, en particulier numérique et matériel.
  • Simplifier la procédure (plus de pré-validation, de portail unifié, aide à la déclaration) pour limiter les freins administratifs.
  • Développer l’effet de guichet unique : un accompagnement sur le modèle néerlandais, pour mieux articuler crédits d’impôt, subventions et financements européens.

Conclusion

Le CII français s’impose comme une référence pour le financement du prototypage et de l’innovation chez les PME.
S’il demeure plus accessible et lisible que certains dispositifs européens, il gagnerait encore en attractivité et en efficacité par un plafond rehaussé, un taux revu à la hausse, et une simplification administrative.
Dans une Europe qui investit massivement dans la souveraineté technologique, améliorer la compétitivité du CII, tout en continuant de soutenir la prise de risque, est un enjeu central pour conforter l’écosystème français de l’innovation.

 

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